Satsuma imo no yakimochi
Rapporter
un souvenir de voyage qui se mange est devenu une de mes
petites habitudes (tout ça pour pouvoir vous le montrer, il faut bien
l'avouer !). Et ce, même quand le voyage ne dure qu'une journée, comme
c'est souvent le cas.
Ainsi, samedi dernier, partie observer des chutes
d'eau au sud d'Oita, je suis revenue avec un sac de gâteaux à la patate douce. Or, j'étais surprise de voir qu'ils portaient le nom de yakimochi.
En effet, les "mochis grillés" sont normalement des gâteaux de riz
gluant grillés au four ou sur une grille. Or, ceux que j'ai achetés ne
contenaient pas de riz mais de la patate douce (satsuma imo), de la
farine de blé, des oeufs et un peu de sucre. S'il est vrai que leur
forme ronde et dorée pouvait rappeler les yakimochi, leur goût en
revanche n'avait rien à voir : très peu sucrés, ils ont la consistance
un peu pâteuse et dense de la patate douce, et un petit goût de flan du
fait de la présence des oeufs. Un délice très nourrissant, donc !
Pour la petite histoire, il existe une expression en Japonais : "yakimochi wo yaku",
soit littéralement "griller des mochis", qui fait référence au procédé
de fabrication mais qui possède également un sens figuré : "être jaloux".
J'aime beaucoup l'image de la femme japonaise jalouse qui se met à
griller rageusement tout plein de mochis pour éviter de s'acharner sur
son pauvre mari !
Mais
revenons-en à nos moutons, en l'occurrence notre patate douce. La
consommation de ces patates douces grillées dans leur peau est très
populaire au Japon. Pour preuve, les nombreux marchands qui en vendent
à tous les coins de rue ("Elle est belle ma patate !"). Mais les plus
drôles, ce sont les marchands ambulants,
comme celui qui passe tous les matins sous nos fenêtres dans son
incroyable camion (avec un cheval en bois sur le toit !), en criant
dans son haut-parleur : "Yakiiiiiiiiiiiiiii iiiiiimoooooooooooo"
(patate grillée), "oishiiiiiiiiiiii, oishiiiiiiiiiiiiiii ! Yaki imo ha,
oishii desu !" (c'est délicieux, délicieux ! La patate douce grillée
est délicieuse !). A force, Ludo, qui ne parle pas Japonais, connait
même la rengaine par coeur.
Eh bien, vous me croirez si vous
voulez, mais 5 minutes à peine après avoir acheté nos yakimochi à la
patate douce, à côté de ces magnifiques chutes d'eau, à mille miles de tout
lieu habité (à part le magasin de souvenirs), on entendit soudain au
loin la voix du monsieur Yakiimo. Ce n'était pas celui qui passe
d'habitude sous nos fenêtres, mais un autre, qui nous a suivi tout le
long de notre balade ce jour-là. Et quand on croyait en être
débarrassés, on entendait alors au loin : "yakiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiimooooooooooo" ! Mais qui pourrait vouloir manger une patate chaude sous 40 degrés à l'ombre, je vous le demande ?
En
tout cas, pour lui rendre hommage et aussi pour vous faire bien rire,
voici, vu de haut, notre vendeur de yakiimo local (cliquer dessus pour
agrandir).