Shiroshita karei
Tout
a commencé par une invitation... Une famille d'amis japonais très chers
nous invitait, avec cette petite carte, à aller déguster la spécialité
d'un village de pêcheur non loin d'ici : le shiroshita karei, dit
"poisson de dessous le chateau".
Bien
sûr, l'invitation fut promptement acceptée, et c'est ainsi que nous
nous retrouvâmes devant une minuscule enseigne : celle du restaurant de
poisson le plus réputé du village ! Le chef nous accueillit sans
chichis. Le restaurant était minuscule, tout juste assez de place pour
nous six, assis face au bar. Le chef plongea la main dans l'aquarium
géant qui ornait la pièce, et en sortit un superbe "karei"
(je pense qu'il s'agit d'une sorte de sole, ou de carrelet), qu'il nous
présenta avec un grand sérieux pour que nous l'admirions.
Il s'empara ensuite de son grand couteau, et leva les filets dans le poisson qui bougeait encore... Spectacle déroutant, qui m'a rappelé les séances de dissection de grenouilles en cours de biologie, pour lesquelles je laissais lâchement mon binôme faire tout le travail ! Le poisson s'est agité jusqu'au dernier filet... réflexe nerveux. Le chef, lui, avait visiblement fait ça toute sa vie, et il ne lui fallut que quelques minutes pour transformer les filets de poisson en délicieux morceaux de sashimi, les plus fins que j'aie jamais mangés. Je vous avouerai que la première bouchée a été un peu difficile (je revoyais le pauvre poisson se tortiller !), mais c'était un tel délice que j'en ai vite oublié tous mes scrupules !
Le chef nous a servi ce poisson sous toutes les formes : cru (en sashimi et en sushi), cuit (dans de la sauce soja), frit (en tempura) et en bouillon. Un repas 100% poisson, presque sans riz, et avec une tranche de melon vert comme dessert, difficile de faire plus light !
En tout cas, la sensation d'entrer dans un restaurant comme dans l'antre d'un magicien, et de se laisser envoûter par des techniques et des mets fascinants, je ne l'avais jamais ressentie aussi fortement !